mercredi 22 octobre 2008

ma mort

Et si je partais? Pas demain matin, pas dans deux jours, dans six mois, dans dix ans. Là. Maintenant. Si je partais maintenant, à qui manqueraient mes sens, de quelle mémoire m’éteindrais-je? À qui manquerait mon goût, mon odeur, mes rires? Si je m’effaçais dans les bulles de ma bière, si je me coulais dans le noir de mes mille larmes, si je m’évaporais à la chaleur de mes désirs incomblés, qu’adviendrait-il? Rien.

Et rester? Pour faire face à mes creux, les remplir d’un air vicié, les sentir me rentrer dans le ventre comme une foreuse, voir mes creux devenir des océans et y goûter l’iode de mes amertumes? À quoi bon. Rester et ne rien comprendre, rester et continuer à faire semblant, continuer à les voir s’éloigner de moi comme une éternelle marée basse, les regarder m’ignorer, me vautrer de ma transparence?

J’en peux plus de manger tous ces coups, je suis en miettes, je ne me calcule plus tellement les morceaux sont petits et nombreux. J’en ai marre de jouer à ma psychanalyse, je veux juste pleurer et que mes eaux deviennent glaces. Je me voudrais iceberg et fondre en moi-même. Je suis déjà morte et oubliée de toute manière.

Ceux qui m’aiment survivront, je le sais bien, suis bien placée pour le savoir et puis peut-être en seront-il meilleurs. Et un jour ils disparaîtront eux aussi. Il restera plus que des ombres, ni plus ni moins sombres que celles de autres. La mienne s’y mêlera. Mon sang sera aussi perdu que le leur, j’y peux rien. S’il y a une justice, elle est dans la fin. La fin est finale. Pour tous.

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