mercredi 22 octobre 2008

la trentaine, j'assume

J'ai le goût du bonheur dans la bouche.
Il se savoure comme un plaisir naïf.
J'ai 31 ans, il fait soleil ce matin. Assise sur les marches du balcon, les éclats de lumières sur la tête fière de mon chien qui renifle les écoliers, les odeurs du café qui montent de mes mains, le vent sur mes jambes, je ne fais rien d'autre qu'exister.

Il y a de ces moments, comme de minuscules états de lucidité, qui nous arrêtent juste avec leur simplicité. J'en connais. J'ai la chance du bonheur. De ceux interdits, des ridicules. Des bonheurs qu'on se paie comme des vacances, ces bonheurs joints bout à bout comme un long chemin jalonné qui m'entraîne vers d'autres. Au lieu de me retenir.

Des bonheurs empilés. Qui s'accumulent pour devenir mes remparts contre les traditions, les mises en gardes, les conseils préfabriqués; qui m'invitent à transgresser leurs besoins de désespoir pour leur montrer l'insignifiance de ces tabous.

À l'heure où les horaires se chargent de les bousculer l'un par dessus l'autre, moi je respire.

À l'heure des nouvelles du soir, alors qu'ils s'agrippent à leurs querelles quotidiennes comme à une bouée qui les fait se sentir vivants, je bois un autre café, dehors sous la même lune.

À l'heure de l'écologie, des règlements dictés par l'économie ou par ce qui est trop correct, je prends deux bains d'affilée.

À l'heure des conventions pédiatriques, je laisse dormir ma fille dans mon lit "parce qu'il sent toi, maman...".

À l'heure de leurs sommeils bourrés de voiles artificiels, remplis de leurs angoisses et de rêves d'effondrements du marché boursier, je me lève avec l'envie irrésistible d'un steak, sauce champignons-porto et m'en fait un.

À l'heure où l'égoïsme est une tare, je m'en drape et mes rires ne les rendent que plus envieux.

Allez, bonnes âmes. Échinez-vous à votre boulot qui est de traverser votre vie comme un long corridor sans fin. Moi je regarde par les fenêtres.

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